Quand la panique commence à gagner du terrain, Coronavirus

Selon une déclaration de dernière minute publier par l’Ambassade de France en Russie, ce jour, 9 mars 2020, la Mairie de Moscou ainsi que l’Agence fédérale russe en charge de la protection des consommateurs et du bien-être des citoyens ont publié un décret qui impose désormais une quarantaine, réduite à 14 jours pour tous les ressortissants étrangers ou russes débarquant en Russie et dans la capitale russe venant de trois groupes de pays distincts, soit 11 pays, à savoir d’Europe, l’Italie, la France, l’Espagne, la Suisse, le Royaume-Uni et la Norvège, pour l’Asie, la Chine, la Corée du Sud et l’Iran, enfin pour les Amériques, les États-Unis.

Recommandations de l’Ambassade de France en Russie

décret de la mairie de Moscou en Russie

Le mois dernier était apparu dans les aéroports de Russie, un très grand nombre de personnes portant des masques sanitaires, protection bien sûr illusoire lorsque l’on connaît un minimum de choses sur les contaminations virales. Depuis lors le fameux Coronavirus a fait couler beaucoup d’encre et inquiète les autorités et les populations. Dans l’absolu avec environ 100 000 contaminés dans le monde et 3 500 morts, l’épidémie pourrait en effet faire quelques dégâts, surtout lorsque l’on sait qu’un malade contamine en moyenne deux autres personnes. En Russie, et dans la capitale, notamment hier avec la fête et journée internationale de la femme, qui est un jour férié en Russie, très suivi, les gens ne portaient quasiment pas de masques et le calme règne dans la capitale russe. Mais le décret fait suite aux situations plus inquiétantes dans les pays qui sont cités comme susceptibles d’une quarantaine en entrant sur le territoire russe.

Pourquoi ces pays ? En premier lieu bien sûr il s’agit du foyer de l’infection, la Chine et d’un pays proche, la Corée du Sud qui fait partie des pays les plus développés et fournissant un important contingent de touristes. Vous avez dit tourisme ? C’est bien là la raison de la présence des pays européens dont nous avons parlé, à savoir, la France, pays record depuis de longues décennies, devançant tout le monde avec plus de 89 millions de tourisme en 2019, suivi de l’Espagne (81 millions), des États-Unis (75 millions), de la Chine (60 millions), de l’Italie (58 millions), la Turquie (vers les 40 millions), du Mexique (39 millions), du Royaume-Uni (37 millions), de la Thaïlande (vers les 35 millions) de l’Allemagne (vers les 30 millions). A titre d’exemple un pays comme le Japon n’attire que ses 28 millions de touristes, la Grèce qu’à peine ses 25 millions de touristes à l’année, la Russie environ une vingtaine de millions, dont 5 pour la capitale russe (en 2018), idem pour le Canada. Des destinations que l’on pourrait croire noyés de touristes, comme le Maroc (11 millions), la Tunisie (7 millions), Dubaï (15 millions), ou le Pérou (4 millions) sont comme nous le voyons loin du niveau des pays que nous venons de citer du top 10 mondial.

C’est donc la raison principale, de la présence de la France (1ère au classement), de l’Espagne (2^e au classement), des USA (3^e au classement), de la Chine (4^e au classement), de l’Italie (5^e au classement), du Royaume-Uni (7^e au classement), de l’Allemagne (9^e au classement). La présence de l’Iran, de la Norvège est plus étonnante, celle de la Suisse est assez logique puisque voisine immédiate de la France, de l’Italie et de l’Allemagne, vase communiquant très pratique pour passer dans ces autres pays, rappelons par exemple la proximité très grande de l’aéroport de Genève qui possède une zone suisse et une zone française. Sans compter bien sûr le fait que Genève est une « ville russe d’Europe ». La France sera peut-être victime de son succès, surtout qu’elle est aussi un carrefour européen de tout premier ordre. Pour ceux qui conduisent souvent et sur de longues distances en France, il est de notoriété publique que notre pays est traversé par des milliers de camions qui viennent de l’Europe entière. Ces camions sont conduits de plus en plus par des chauffeurs de Lituanie, de Lettonie ou d’Estonie de Pologne, des Balkans (Roumanie, Bulgarie), d’Espagne et du Portugal, tous membres de l’Union européenne. Il s’agit de camions mais plus récemment aussi de camionnettes de différentes tailles, surtout de Pologne et de Roumanie, qui parcourent de longues distances depuis les confins de l’Europe centrale. La situation est aggravée par d’énormes diasporas installées dans les principaux pays d’Europe visés par ce décret. Ces diasporas viennent du monde entier, et bien sûr de Chine, de Russie, d’Ukraine, de Moldavie, des Balkans et de quasi toutes les parties du monde. Ceci provoque des mouvements très importants par exemple de la France vers tous ces pays. Songez par exemple, que des minibus et voitures particulières partent tous les jours de Paris pour convoyer des passagers et des colis, jusqu’à Chisinau en Moldavie (par exemple) en traversant toutes les frontières virtuelles de la zone Schengen.

Toutes ses raisons, qui ne sont pas ignorées du gouvernement russe, ainsi que l’apparition de foyers et la multiplication des interventions gouvernementales dans les pays cités, ont convaincu la Russie de réagir pour protéger sa population. La panique semble en effet gagner du terrain notamment en France. Malgré seulement 1 000 cas et 19 morts (en trois mois), ce qui en comparaison des épidémies de l’histoire pourrait faire sourire, 100 000 morts pour le Choléra de 1832, en 6 mois, 408 000 pour la grippe espagnole de 1918-1919, en un an, le spectre d’une épidémie fait toujours peur et reste fantasmée depuis longtemps, à travers les très nombreux films apocalyptiques de ces dernières années (zombies, épidémies, guerre nucléaire, le tout à la fois…). La perception des hommes du XXIe siècle des pertes humaines a beaucoup changé. Pour exemple, la perte de deux ou trois soldats dans un conflit est de nos jours un drame, là où des centaines de milliers tombaient sur front durant la Grande Guerre. C’est le culte de la non mort, également fantasmé justement par les mythes du vampire, très en vogue il y a peu, ou plus encore par les zombies. La mort qui était filmé encore par les journalistes durant la guerre du Vietnam (1965-1975), n’est plus filmée pour cause de mutation rapide et totale de sa conception par le grand public (en corrélation avec les moyens d’informations et de communications).

Il est donc logique que le spectre d’une pandémie mondiale, dont la France serait une des principales victimes, soit à l’origine finalement à la fois de mesures exceptionnelles russes, mais aussi d’un certain sentiment de panique franco-européen qui s’exprime d’abord, comme je l’ai constaté moi-même verbalement par les Français. Certains n’hésitent pas à dire que des millions de morts sont à craindre dans les mois à venir. Du côté des politiques, nous n’avons pas d’équivalent moderne de pandémie, mais l’exemple d’une catastrophe à l’échelle mondiale comme Tchernobyl (1986), montre bien que les politiques et gouvernements dans le monde, useront et abuseront de mensonges sur la situation. Que faire en effet pour un pays dont l’existence dépend justement de ses presque 90 millions de touristes, fantasmés et annoncés à 100 millions dans les années 2020 ? Que faire pour empêcher des centaines de milliers de camions et camionnettes sur le territoire français (et encore en ne songeant qu’à ce pays) ? Que faire pour empêcher la circulation, voire fermer par exemple le tunnel sous la Manche, fermer les ports les plus importants ou les aéroports de Paris ? Les conséquences en matière d’économie pour un pays tel que la France, ou encore l’Italie ou l’Espagne seraient catastrophiques et comme toujours il est à parier que la vie humaine serait sacrifiée au profit… justement de dividendes.

Pour les personnes qui ont donc obtenu un visa pour la Russie avant le décret, l’annulation des voyages s’imposent. La situation et panique observés par les Russes en Europe rend logique une décision sage et réaliste, d’autant que dans le top 10 des touristes venant à Moscou, se trouvent en premier les Chinois, les Américains, les Allemands, les Italiens ou encore les Espagnols (les Français sont partie négligeable entrant toutefois dans le top 15). Il reste toutefois que la nature de l’espace Schengen, rend étrange la décision de quarantaine pour tous les pays autour de la Belgique ou du Luxembourg… non inclus dans la liste, sans parler de la Thaïlande et de la Turquie, dans le top 5 des destinations préférées des Russes. Ainsi va le monde ! Les semaines à suivre nous en diront sans doute plus sur l’état réel de cette situation, et sur la réalité de l’existence d’une pandémie qui tuerait des millions de personne. Notons toutefois, que l’Humanité ne fut jamais menacée d’extinction par une pandémie. La pire d’entre elle, la fameuse peste noire, au XIVe siècle décima dit-on 100 000 millions de personnes, dont environ 10 millions en France. Cette dernière mit environ 4 siècles à retrouver son niveau de population de 1350… nous n’en sommes pas encore là !