Les allées du boulevard Tverskoï

19-17- Les allées du boulevard Tverskoï

Accès : à partir des stations de métro Tverskaya (ligne vert foncé), Pouchkinskaya (ligne mauve), puis remonter le boulevard Tverskoï à travers le long et agréable parc-allée.

Allée du boulevard TverskoïSur votre chemin vous pourrez éventuellement passer déguster un chocolat ou une pâtisserie au Café Pouchkine (19-15), vous pourrez voir de nombreux somptueux bâtiment comme le théâtre de l’Académie artistique Gorki de Moscou (19-18), l’institut de Littérature Gorki (19-19), le théâtre Pouchkine (19-20), le monument à Sergeï Essenine (19-21), grand poète russe (1895-1925) à la carrière fulgurante. Essenine reste un mystère par sa vie très courte et par sa fin, officiellement suicidé, les principaux indices par la suite découvert penchent pour l’assassinat, probablement l’une des basses œuvres des bolcheviques. Le poète déjà célèbre fut retrouvé pendu à l’hôtel d’Angleterre où des sbires du gouvernement furent aperçus le jour de sa mort. Des traces de liens sur ses bras, le fait que les témoins principaux disparurent dans des circonstances violentes, l’assassinat de l’une de ses épouses, Zinaïda Reich par ordre de Staline (1939), et alors qu’elle assurait lui dévoiler toute la vérité, tout ceci ainsi que d’autres indices étranges penchent en faveur d’un suicide commandé. Cependant, cette version des faits est contrebattue et ne sera certainement jamais concrètement et clairement étayée.

Monument à Essenine

Monument à TimiriasevBeaucoup plus loin vous aurez encore le plaisir de découvrir le théâtre d’État Bakhrushin (19-22), le musée d’Art Moderne (19-23), le monument en l’honneur de Kliment Timiriazev (19-24), célèbre botaniste, biologiste et physiologiste russe (1843-1920). Il se fit précocement remarquer pour ses positions politiques révolutionnaires, dès ses années étudiantes, et fut expulsé de l’Université pour avoir participé à des troubles (1861), finalement diplômé (1866), il travailla sur des projets expérimentaux d’agronomie, admirateur de Karl Marx, il publia bientôt son premier ouvrage scientifique (1868). Il défendit un premier travail sur la chlorophylle (1871), enseignant à l’Académie d’Agriculture Petrovsk-Razoumov (jusqu’en 1892), doctorant en botanique (1875), professeur à Moscou à l’Université (1884-1911, puis de 1917 à sa mort), également président du département botanique de la Société d’Histoire naturelle, d’ethnographie et d’anthropologie de l’université de Moscou. Malgré un grave accident cérébral (1909), qui le laissa partiellement paralysé du bras gauche, il resta ensuite à son poste. Il préféra quitter l’université en compagnie de 130 autres professeurs protestataires, qui s’insurgeaient contre les les persécutions politiques dont étaient victimes les étudiants (1911). Il se fit aussi remarquer par son soutien aux théories de Darwin, puis devint une figure de second plan de la Révolution bolchevique. Il fut un partisan de Lénine, accueillant le putsch militaire d’octobre 1917 avec faveur, ce qui lui valut d’être de nouveau admis à l’Université de Moscou. Il fut appelé au Commissariat de l’éducation populaire, puis fut membre du Conseil municipal de Moscou (après son épuration des socialistes et des anarchistes). Il prit froid et mourut peu après (20 avril 1920).

Fontaine et rotonde Alexandre et Nathalie 2Tout au bout des jardins, vous découvrirez de l’autre côté du boulevard la fontaine et rotonde d’Alexandre et Nathalie (19-25), monument contemporain érigé pour le 200e anniversaire de la naissance du grand poète russe Alexandre Pouchkine (1799-1837). Nathalie n’était autre que son épouse, Natalia Gontcharova (1812-1863), dont le père eut pour précepteur français un certain David de Boudry, de son vrai nom David Marat frère du célèbre révolutionnaire montagnard. Elle vécut une relation passionnelle avec le poète et écrivain russe, lui donnant tout de même 4 enfants, (Marie en 1832, Alexandre en 1833, Grégoire en 1835, Nathalie en 1836), mais se laissa courtiser par son futur beau-frère, un officier français du nom de Georges d’Anthès. Ce dernier épousa sa sœur Ekaterina (1837), mais la rumeur tenace d’une relation entre lui et Nathalia poussa l’écrivain à provoquer en duel son beau-frère. Ce dernier le tua d’un coup de pistolet lors du duel et dut s’enfuir avec son épouse, il s’installa en Alsace (Ekaterina mourut en 1843, lui-même beaucoup plus tard en 1895). Désormais veuve, Natalia se remaria avec le comte Pierre Lanskoï (1841), général de cavalerie russe (1799-1877), à qui elle donna encore trois enfants (Alexandre en 1845, Sofia en 1846 et Élisabeth en 1848). Elle décéda en 1863.

La fin de la balade se termine avec l’église de l’Ascension de la Porte Nikitski (19-26). Il existaitéglise de l'Ascension de la Porte de Nikitski 3 autrefois une ancienne église en bois, qui brûla en 1629. L’endroit faisait partie de domaines privés de la haute-noblesse, il fut racheté en 1784 par le prince Potemkine (1739-1791), célèbre général et amant de la Grande Catherine. C’est lui qui fit construire une nouvelle église en briques dont les fondations se révélèrent trop faibles, il fallut la reconstruire mais la mort emporta bientôt le prince. Catherine II ne devait pas tarder à le suivre et son fils et successeur, Paul Ier, souverain falot et mesquin qui avait beaucoup détesté le compagnon de sa mère, fit disperser les restes du général, acte de vengeance terrible et gratuit. Ce furent les neveux du prince qui firent ériger une nouvelle église (1795-église de l'Ascension de la Porte de Nikitski 21798), mais elle resta inachevée, l’incendie de 1812, lors de l’occupation par la Grande Armée de Napoléon endommagea la partie en travaux. Elle fut achevée (1816) et fut aussi le lieu du mariage d’Alexandre Pouchkine et de Natalia Gontcharova (1831). Elle fut démolie et entièrement reconstruite à l’exception du clocher qui fut conservé, mais les travaux ne furent achevés qu’en 1848, deux architectes s’étant succédés. Plusieurs et éminents membres de la famille Potemkine y furent inhumés au fil du temps. L’église fut le lieu d’un service funèbre pour les cadets etéglise de l'Ascension de la Porte Nikitski 6 officiers morts pendant le putsch militaire bolchevique (13 novembre 1917). Elle resta l’une des églises encore en service, accueillant même la dernière messe du patriarche orthodoxe de Moscou, Tikhon (5 avril 1925), bientôt assassiné par les bolcheviques. Elle fut fermée au début des répressions staliniennes contre l’église (1931), profanée, transformée en entrepôt, des éléments décoratifs, des fresques et peintures murales furent détruites, le clocher également (1937). Elle abrita un laboratoire (années 60), rénovée sommairement pour la visite du président américain Nixon (1972), il était prévu après la fermeture du laboratoire de la transformer en salle de concerts (1987). La chute de l’URSS la rendit au culte orthodoxe précocement (23 septembre 1990), bientôt rénovée (1993-1994), le clocher reconstruit (2002-2004), les façades furent ravalées (2002-2009).

Le petit plus : C’est une des balades les plus agréables de Moscou, de par la multiplicité des choses à découvrir, architecture, musées et monuments, sans parler des personnages qui marquent l’endroit de leurs présences. En hiver, l’allée perdra beaucoup de son intérêt, mais de nuit, avec l’apparition des lumières et décorations, vous aurez alors un spectacle magnifique, le seul point négatif est la présence d’une circulation dense et bruyante.

Durée : une petite demie-heure en prenant le temps de découvrir, voire un peu plus en s’attachant à regarder et à observer pour découvrir quelques petits détails cachés !

Conseil : En période hivernale, soit environ de fin octobre à début avril, prévoyez d’être chaudement habillés et correctement chaussés. Attention aux chutes dues au verglas et à la glace.

Vous pouvez continuer vers l’Etang des Patriarches

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