1-2-4- Église de la déposition de la robe de la Sainte-Vierge du Kremlin catégorie la Russie éternelle
Accès : uniquement avec un billet d’entrée pour la visite des cathédrales du complexe du Kremlin de Moscou.
L’une des plus petites églises de la place des cathédrales du Kremlin à Moscou, elle fut fondée par le métropolite Jonas (1451), qui souhaitait commémorer la victoire contre les troupes de la Horde d’Or et l’évacuation de l’ennemi de Moscou. La petite église fut dévastée par les flammes (1479), mais reconstruite par le métropolite Géronte ( ?-1473-1489). Cet homme d’église influent lança de nombreuses constructions d’églises sur le territoire russe, il a été canonisé récemment (2016). Elle fut construite par des architectes de Pskov, qui reconstruisirent également à cette époque la Cathédrale de l’Annonciation (1484-1486). Cette église resta longtemps l’église et la maison des métropolites de Moscou et des patriarches. Elle fut de nouveau reconstruite après l’incendie de Moscou (1547), et fut pillée et endommagée lors de l’invasion polonaise des temps troubles (1612). Le patriarche Philarète
(1553-1619-1633) y fit construire une chapelle consacrée à Saint-Georges, Saint-Patron de la Russie et protecteur de Moscou dont il est resté le symbole jusqu’à nos jours (1624). Il est a noté que ce patriarche était aussi le père de Michel 1er Romanov, né Fédor Nikitich Romanov. Il avait été fortement inquiété lui et sa famille sous le règne de Boris Godounov et durant les temps troubles, emprisonné par les Polonais pour avoir refusé de reconnaître le roi de Pologne tsar de Russie (1610-1618). A son retour, il trouva son fils Michel sur le trône et gouverna de fait en sous-main le pays jusqu’à sa mort (1618-1633), assurant la dynastie son fils fut le premier souverain de la dynastie Romanov (1596-1613-1645).
Un nouvel incendie ravagea l’église (1627), seulement reconstruite par le Patriarche Joseph (1644). Ce patriarche occupa la tête de l’église orthodoxe une dizaine d’année (1575-1642-1652), lors de la fin du règne de Michel 1er et du début de celui d’Alexis Ier. Déjà un vieillard à son accession au trône du patriarcat, il entretînt de mauvaises relations avec le jeune tsar Alexis, s’enlisant lui-même dans une querelle à propos du rituel orthodoxe et amassant à son profit une grande somme d’argent qui fut distribuée à sa mort à des églises et des monastères. Quant à l’église de la Déposition, très modeste, elle ne correspondait pas à l’image que l’on pouvait se faire de la puissance de l’Église orthodoxe, et Nikon persuada le tsar de
construire un véritable palais pour les patriarches dans le Kremlin (1655). Quelques années plus tard, ayant exprimé la supériorité du religieux sur le pouvoir temporel, il fut bientôt déposé et enfermé dans un monastère (1667). L’église resta pour ainsi dire presque à l’abandon, subissant de nouvelles catastrophes à travers les âges, son toit brûla de nouveau (1682), elle se délabra au point de devenir vétuste (1720-1730), envahit par l’humidité car non chauffée l’hiver, ses fresques furent sévèrement endommagées et un nouvel incendie détruisit de nouveau sa toiture (1737). Elle fut restaurée l’année même, mais fut pillée par la soldatesque de la Grande Armée (1812).
Elle bénéficia par la suite de restauration suite aux travaux entamés au Kremlin à la fin du règne de Nicolas Ier (1838-1849 et 1855). Sa modestie et petitesse la firent cependant délaisser au point que seulement deux services religieux y étaient assurés par an sous le règne de Nicolas II (4 mai et 2 juillet). La révolution bolchevique en termina avec ces derniers, mais l’église bénéficia de restaurations à l’époque soviétique (1920-1922, 1932, 1950, 1965 et 1980). Le Kremlin ayant été ouvert au public après presque 30 ans de fermeture à l’époque stalinienne (1927-1955), elle ne fut elle-même ouvert au public qu’en 1965, et un premier service religieux n’y fut célébré qu’en 1993, après l’effondrement de l’Union soviétique (décembre
1991). Un petit musée y a été installé pour les visiteurs de la Place des Cathédrales, elle recèle quelques splendeurs (environ 80), un iconostase, l’icône de la Trinité de l’Ancien Testament (1627), celle de la Nativité du Christ (1627), différents objets religieux, icônes, croix, quelques magnifiques reliefs en bois comme celui de la Crucifixion dans le style baroque russe. L’icône principale est celle de la Déposition de la Robe de la Sainte-Vierge à Blacherne, qui s’intéresse à l’événement de la déposition de cette relique dans l’église de Blacherne, un faubourg de Constantinople au Ve siècle, sous l’égide de l’empereur et l’impératrice de Byzance, qui donna lieu plus tard à une fête orthodoxe (fête de la Déposition de la Robe).
Le petit truc en plus : en sortant de la cathédrale voisine de la Dormition, vous serez à seulement quelques mètres de son entrée. C’est un escalier très étroit qui permet d’accéder à son intérieur, en cas d’affluence dans le Kremlin vous aurez peut-être du mal à l’atteindre.
MonAmi de Moscou 