La place des gares, Leningrad, Kazan, Yaroslav

20- La place des gares de Moscou : Leningrad, Kazan et Yaroslav ! Catégorie L’amour de l’architecture

Accès : de l’une des plus belles stations de métro, la station de métro Komsomolskaya (ligne circulaire marron).

La ville de Moscou possède un total de neuf gares qui desservent l’immense capitale russe. Trois d’entre-elles sont toutefois rassemblées au même endroit, à la sortie de la magnifique et grandiose station de métro Komsomolskaya. L’esplanade des trois gares qui se font face les unes les autres, à savoir les gares de Leningrad, Kazan et Yaroslav est l’un des plus intéressants et impressionnants panoramas de Moscou, vous aurez la chance d’observer les différentes architectures des trois gares, mais aussi deux des tours de Staline et le quartier recèle quelques monuments et musées intéressants pour les visiteurs curieux.

La gare Yaroslav (20-1) porta ce nom jusqu’en 1870, avant d’être baptisé Troïtski, jusqu’enGare de Yaroslavski 1922, rebaptisé gare du Nord (1955), elle reprit finalement son nom et reste la gare de Moscou brassant le plus grand trafic de passagers (plus de 300 trains par jour). Avant sa construction, le lieu abritait une fonderie de canons, qui fut incendiée et explosa lors de l’invasion de Moscou par les Français (1812). Une première gare y fut construite (1862), reconstruite au début du XXe siècle (1902-1904), avec la façade magnifique et néo-russe qu’on lui connaît actuellement. Elle accueillit son premier train électrique (1929) et fut rénovée (1965-1966 et 1995).

Gare LeningradskiLa gare de Léningrad (20-2) fut construite entre 1844 et 1849, baptisée gare Nikolaevski (1855), et portant ce nom jusqu’en 1923, renommée Oktiabrskii (1923-1937), puis Leningrad (1937). C’est la plus ancienne des 9 gares moscovites, qui a été inscrite au patrimoine historique de la Russie, elle fut entièrement rénovée et rééquipée durant l’ère stalinienne (1934), au moment des grands travaux urbains lancés par Staline dans la capitale, par la suite de nouveau transformée et rénovée (1948-1950, 1977), elle accueille une fontaine avec une grande sculpture représentant Saint-Georges (20-3), saint patron de la Russie et de Moscou qui tua selon la légende le dragon dans le ravin de Kolomenskoe, qui fut inaugurée en 2011. Une statue de Lénine qui se trouvait sur les quais de la gare (1955-1981), fut finalement déplacée non loin de la gare sur une petite esplanade où elle se trouve encore (20-4). Une polémique fut lancée en 2009 pour débaptiser de nouveau la gare devant retrouver son nom de Nikolaevski, mais une forte résistance politique d’opposition fit sans doute repousser cette échéance.

La gare de Kazan (20-5) fut construite en 1862, il s’agissait au départ d’une structure de bois et la gareGare Kazanski portait le nom de gare de Riazan. Un premier bâtiment de pierre fut érigé (1864), la gare prenant de l’importance par l’ouverture d’une ligne Moscou-Kazan (1893), qui lui donna son nouveau nom, elle fut reconstruite (1913-1926), les travaux ayant été perturbés par la Première Guerre mondiale puis la Guerre civile russe. Un clocher avec horloge fut construit (1923), cette dernière fut détruite par une bombe allemande (automne 1941), et seulement remise en service dans les années 70. L’apport de la station de métro Komsomolskaya (1935), augmentant grandement les possibilités d’accès des passagers ce qui amena bientôt des projets de reconstruction (années 50, 1987-1997). La gare brassait pas moins de 2,7 millions (2014).

Non loin de la gare de Leningrad se trouve le monument de Ton Andréevitch Constantin (20-6) architecteMonument de Ton Constantin russe d’origine allemande (1794-1881), qui fut l’homme qui réalisa la Cathédrale du Christ Sauveur (1829-1836), le grand palais du Kremlin de Moscou (1837-1854), la cathédrale Saint-Catherine de Tsarkoïe Selo etc. Il fut formé à l’école européenne, voyageant longuement en Europe (début des années 1820), en Italie, en Suisse, en France avant de revenir en Russie. Il fit une très longue carrière et enseigna longuement (24 ans), à l’Académie d’architecture de Russie, formant plus de 200 architectes dont beaucoup firent des carrières remarquables et quelques-uns atteignirent la célébrité.

A côté de la gare de Kazan se trouve le monument d’Alexeï Choussev (20-7), architecte qui naquit à Chisinau, dans la Bessarabie russe, aujourd’hui Moldavie (1873-1949), il fit ses études à Saint-Pétersbourg (1891-1897), avant de faire un long voyage, visant la Tunisie, l’Autriche, l’Italie, l’Angleterre, la Belgique et la France (1898-1899), où il étudia à l’Académie Julian (école privée de peinture et de sculpture fondée en 1866, par le peintre Rodolphe Julian, 1839-1907), qui compta de nombreux élèves de Monument de Choussevpays très différents, comme l’Ukrainien Alexandre Chevtchenko, il revînt ensuite à Saint-Pétersbourg et travailla désormais à de nombreux projet en Russie, membre de l’Académie d’Architecture (1910), ce fut son projet qui fut retenu pour la gare de Kazan (1913), la période soviétique accéléra encore sa brillante carrière, devenant l’architecte en chef du projet soviétique du « nouveau Moscou » (1918-1923). C’est lui qui fut l’architecte du tombeau de Lénine, fut également un moment directeur de la Galerie Tretiakov (1926-1929), architecte de nombreux autres projets, l’hôtel Moscou, concepteur de l’incroyable station de métro Komsomolskaya (1935), directeur de la restauration du Monastère de la Laure de la Trinité-Saint-Serge (1938), mais aussi de bâtiment de la Loubianka (années 40), architecte de l’opéra de Tachkent (1947), la liste serait trop longue à énumérer, il fut d’ailleurs maintes fois récompensé et médaillé, également à titre posthume.

En Face de la gare de Kazan, vous pourrez admirer une belle statue et monument de Pavel Melnikov (20-8), ingénieur russe spécialiste en voies et constructions ferroviaires (1804-1880), étudiant à Moscou dansMonument à Melnikov une école du génie militaire, professeur de mécanique appliquée, bientôt chef de département à l’Institut du corps des ingénieurs du génie civil (1833), il fit une longue et belle carrière, s’intéressant et travaillant sur divers projets, d’ingénierie hydraulique, de constructions militaires, de travaux pour lutter contre les inondations et constructions de barrages, bientôt spécialiste des voies ferroviaires, ses écrits furent même remarqués par le tsar Nicolas Ier. Il travailla à la construction de la première voie ferroviaire russe, entre Saint-Pétersbourg et Tsarkoïe Selo (1835), puis aux études pour la construction d’une ligne entre la capitale et Moscou. Il fut envoyé aux USA (1839), et la construction décidée dès 1842. Ayant atteint le grade de général (1847), à une époque où la construction ferroviaire rimait aussi avec de futurs déplacements stratégiques militaires, il fut administrateur en chef des voies de communication (1862), le tout premier ministre des chemins de fer (1865-1869), et sous sa direction plus de 7 000 kilomètres de voies furent construites, les bases d’une russe industrielle et moderne, membre du Conseil d’État (1872), il mourut en 1880, unanimement reconnu par ses pairs. Selon une conception très moderne, il pensait que les chemins de fer devaient absolument être l’affaire et la propriété de l’État.

Monument des fondateurs des voies ferrées russesLe petit plus : beaucoup d’autres monuments existent comme celui le long de la gare de Kazan des fondateurs des chemins de fer russes (20-9), l’église des icônes de Kazan de la Mère de Dieu (20-10), la présence des lieux de cultes dans les gares étant ancienne et récurrente en Russie. Vous apprendrez que les Russes apprécient de s’asseoir en silence avec leurs proches quelques minutes avant le départ pour un long voyage. C’est une tradition très ancienne et pratiquée, les personnes s’assoient, font silence et chacun fait des vœux, des prières et des souhaits positifs pour que les voyageurs qui partent arrivent à bon port !

Aucun surcoût, les lieux sont publics.

Conseil : Bien prendre le temps de faire le tour de la place pour profiter des différents panoramas, notamment observer la gare de Kazan de celle de Leningrad, puis faire l’inverse !

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