La rue Kouznetski Most

2-5-4- Les splendeurs de la rue du pont de Kouznetski Most, catégorie de L’amour de l’architecture

Accès : en prolongeant la balade pédestre du théâtre Bolchoï (2-5), dans l’alignement de la rue Petrovka, ou par la station de métro Kouznetski Most (ligne mauve).

Rue Kouznetski Most 3Voici une petite balade dans et autour des quelques rues emblématiques du centre historique de Moscou. Vous apprécierez par ailleurs les multiples possibilités de restauration dans les alentours et vous pourrez aussi facilement faire du change dans ce secteur de la ville, car le défi dans une ville comme Moscou, c’est bel et bien de trouver un distributeur de billets, mais ceci est une autre histoire que nous vous conterons dans un de nos articles conseils à venir. Vous admirerez de nombreux bâtiments historiques, comme l’Administration fédérale russe des transports maritimes et fluviaux (2-5-5), l’hôtel particulier des frères Tretiakov (2-5-7), la banque international du commerce deRue Kouznetski Most Moscou (2-5-8), plus loin encore le monument à Vatslav Vorovski (2-5-9). Mais avant de contempler les quelques monuments vous pourriez d’abord visiter une des attractions si ce n’est l’attraction principale de cette excursion, en vous rendant au musée des jeux de café et d’appareils automatiques (2-5-6), une ode à ces jeux et appareils étranges et désuets qui occupaient tous les cafés et endroits publics dans les années 70 à 90. Ce moment sera particulièrement agréable en famille, avec des enfants, petits et grands pourraient prendre beaucoup de plaisir, et avoir de grands fous rires. Pour ceux qui n’auront pas l’âme du jeu électronique ou en cas de beau temps, vous poursuivrez donc votre chemin dans les rues environnantes. Nous vous proposons en particulier de découvrir :

Hôtel particulier TretiakovL’hôtel particulier des frères Tretiakov (2-5-7), à savoir Pavel Tretiakov (1832-1898) et Serge Tretiakov (1834-1892), qui furent des collectionneurs fameux en Russie. Ils fondèrent une collection unique d’art russe de toutes les époques, des époques reculées à leur propre époque contemporaine. Avant que ce magnifique bâtiment fut construit (1892), différentes bâtisses trônèrent à sa place et la tradition veut que l’écrivain français Stendhal (1783-1842), y séjourna durant l’occupation de la ville de Moscou par la Grande Armée (1812). Il était employé dans l’administration impériale par le comte Daru, commissaire général de la Grande Armée, ministre secrétaire d’État. Stendhal assista à toute la campagne, tant dans la marche en avant de l’armée française, les grandes batailles de Smolensk ou de La Moskova, l’entrée à Moscou et la retraite. Il fut l’un des survivants, traversant la Bérézina sans tarder, la veille du début de cette bataille terrible et arrivant en Prusse, puis à Paris en janvier 1813. L’ancienStendhal immeuble et ceux environnants furent achetés par les frères Tretiakov (1891), qui y construisirent l’hôtel que nous pouvons aujourd’hui admirer (1892). Par la suite de la disparation des frères, qui firent don par ailleurs des collections incroyables qu’ils avaient rassemblées à la ville de Moscou, l’hôtel Tretiakov fut occupé différemment jusqu’à nos jours, par exemple par la banque du Crédit Lyonnais (qui s’installa en Russie à Saint-Pétersbourg et Moscou), qui y installa des coffres forts modernes qui étaient révolutionnaires pour le pays, à une galerie d’arts, d’estampes et de gravures, un club de ski, des magasins et des appartements privés (jusqu’à la révolution de 1917). En 1930, le bâtiment occupa les bureaux du journal Octobre, un commissariat à la Justice et d’autres administrations soviétiques. Des restaurations furent entreprises (2004), mais un incendie (2008) causa de graves dégâts au monument historique qui fut toutefois entièrement rénové et restauré (2011). Aujourd’hui, le propriétaire de l’immeuble est une banque, la banque de Moscou, mais le monument est classé au patrimoine culturel de la ville et caractéristique de l’architecture russe de son époque.

Rue Kouznetski Most 2Le très beau bâtiment qui lui fait suite est aussi une banque, la banque internationale du commerce de Moscou (2-5-8), un ensemble qui fut construit à la fin du XIXe siècle (1898). Après avoir rasé les anciens immeubles présent à cet endroit (1895-1898), un Autrichien du nom de Simon Eibuschitz (1851-1898), de confession juive mais convertit à la religion protestante. Il devint l’assistant d’un architecte russe du nom de Kaminski (1879-1882), fut naturalisé russe (1882), et travailla sur divers projets, devant petit à petit l’architecte le plus en vue de Moscou et l’un des mieux payés. Il participa notamment aux plans et à l’édification de la synagogue chorale de Moscou (non loin de la station de métro Kitaï Gorod). Il fut à l’origine des plans de la construction qui fut élevée l’année même de sa mort (1898). A la Révolution bolchevique, toutes les banques furent nationalisées, leurs réserves d’or ou d’argent confisquées. Le bâtiment continua à occuper des établissements bancaires de l’URSS, puis fut racheté par une… banque (1995), la banque de Moscou (jusqu’en 2016), aujourd’hui une des principales banques russes sous le nom de VTB. Le monument est classé au patrimoine culturel et architectural de la ville de Moscou.

La place Vorovski et son monument (2-5-9) que vous découvrirez au bout de ce chemin sont dédiés àMonument Vorovski 2 Vatslav Vorovski (1871-1923), révolutionnaire et bolchevique de premier plan, il fut arrêté à l’époque tsariste (1897), emprisonné et déporté (1899), choisissant à sa libération de trouver refuge en Suisse, à Genève où il fut bientôt un collaborateur du journal bolchevique de Lénine Iskra (1903). Très actif, il joua un rôle d’agent et de diplomate à l’étranger, dans le but de prendre le contrôle des ambassades russes tenues bien souvent par les blancs, de les évincer et de tenter de s’emparer des fonds russes disséminés dans le monde. Il travailla à l’ouverture de comptes bancaires sous de faux noms, dans l’idée de préparer un soutien financier aux mouvements ouvriers et révolutionnaires à l’étranger (en Europe, 1918-1919). Expulsé de Suède, il revînt bientôt en Russie où il fut l’un des organisateurs de déchristianisation et des persécutions contre l’église orthodoxe russe. Bientôt diplomateMonument Vorovski 4 de premier plan, il fut envoyé en Italie, puis à la conférence internationale de Gênes (1922), et enfin dans la délégation soviétique à la conférence de Lausanne l’année suivante. Il fut abattu de plusieurs coups de revolver par un officier russe blanc, qui fut arrêté, mais acquitté en Suisse en particulier à cause de l’ambiance anti-bolchevique généralisée en Europe de l’Ouest. Son corps fut ramené en URSS et il eut l’honneur d’être parmi les dignitaires soviétiques inhumés au pied des murs du Kremlin, par la suite honoré par le régime communiste qui donna son nom à des places, des rues, fit émettre des timbres. Le monument présent sur la place fut inauguré en 1924, incorporé au patrimoine culturel architectural de Moscou (1960) et restauré il y a quelques années (2008). La posture de la sculpture est étrange, car Vorovski apparaît voûté et courbé, il avait en effet été si malmené par l’okhrana (la police politique du tsar), qu’il souffrait depuis 1897 de douleurs et de rhumatismes qui l’affectèrent jusqu’à la fin de sa vie, et le contraignirent à avoir cette posture inhabituelle.

Aucun surcoût en plus sauf si vous entrez dans le musée des Jeux de café (voir article indépendant à ce sujet dans le rubrique en dehors des sentiers battus).

Le petit truc en plus : vous découvrirez sur votre chemin un bouquiniste et antiquaire, non loin du musée des jeux de café, qui pourrait attirer et intéresser de nombreux visiteurs, quant à ceux qui souhaiteraient se restaurer et goûter une cuisine originale, nous vous conseillons un restaurant moldave (non loin de l’ambassade), qui bien qu’un peu difficile à découvrir, vous offrira un bon moment et la découverte d’une cuisine inhabituelle.

Durée : en prenant son temps de découvrir les monuments et d’admirer les façades environ une demi heure.

Conseil : Pour une promenade hivernale sortez bien sûr chaudement vêtus et respectez les trottoirs condamnés. En effet, au cœur de l’hiver la formation de glace sur les toits et chéneaux et les gouttières, entraînent celles de stalactites… objets dangereux ayant tendance à tomber sur les trottoirs, ou de gros blocs de neige dévalant subitement les toits.

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