Nous communiquions il y a maintenant trois semaines sur le début de l’épidémie qui ressemblait au départ à une panique étrange en France, alors qu’il n’y avait qu’une vingtaine de morts dans l’Hexagone. A cette date la Russie avait décidé de mettre en place une quarantaine de 14 jours aux personnes revenant d’une dizaine de pays, dont la France (5 mars). Dix jours plus tard les frontières étaient fermées pour de bon, l’espace Schengen verrouillé et le virus installé dans la grande majorité des pays de l’Europe de l’Ouest et outre Atlantique en Amérique du Nord. La Russie avait déclaré au même moment la fermeture de tous les établissements scolaires et jusqu’alors les étudiants et les enfants sont restés chez eux et attendront le feu vert qui ne viendra pas sans doute avant les vacances scolaires (fin mai en Russie).
Du côté de la France et de ses malheureux voisins encore plus touchés, l’Italie et l’Espagne, la vingtaine
de morts qui paraissaient bien ridicules par rapport aux « respectables » choléra et grippe espagnole de 1832 et 1918, ne fait plus rire personne avec maintenant 1 331 morts officiels, ce qui augure de bien plus, hélas, rien qu’en France. Et les chiffres ne font qu’augmenter. Un membre très proche de ma famille, infirmière dans un hôpital, a été mise en réserve stratégique dans l’attente de l’arrivée d’une masse de malade qui aurait lieu… la semaine prochaine. Le pic annoncé serait donc, non pas derrière nous ou maintenant, mais dans les jours à venir. Cette information capitale est d’importance pour tout le monde et bien sûr pour ceux qui avaient décidé de s’offrir des vacances dans notre belle Russie et magnifique ville de Moscou. Eut égard à la période d’incubation du virus, à l’augmentation constante des cas, à la fois de gens contaminés, de gens en réanimation dans des états très graves et des pauvres victimes, un confinement responsable ne pourrait qu’être prolongé que plusieurs semaines après la fin du pic et la chute de la courbe de mortalité du virus jusqu’à son extinction.
Alors ce sera quand ? Il y a trois semaines, l’état français parlait du 31 mars… nous y sommes presque, aujourd’hui l’on parle du retour des étudiants dans les écoles pour début mai, cependant tant que l’augmentation ou la virulence du virus seront constatées, il est évident que ce délai sera encore repoussé. Des rumeurs publiques diverses circulent sur le fait que la chaleur tuera le virus, et bien d’autres fantaisies invérifiables. Pour rester prudent, nous dirons donc qu’assurément tous les gens qui avaient prévu de venir en Russie en avril et en mai, ont leur voyage annulé par le coronavirus. Par ailleurs, si le scénario était idéal, à savoir que le virus serait vaincu en France avant juin et définitivement, il faut prendre en compte les décisions nationales des autres pays, dont la Russie d’ouvrir à nouveau leurs frontières aux ressortissants étrangers dont ceux venant de France, de Navarre et d’ailleurs. Il y a fort à parier que la Russie attendra encore selon un délai impossible à déterminer, mais il y a aussi le cas du scénario catastrophe du démarrage de l’épidémie en Russie.
L’épidémie en Russie n’a pas encore déployé sa faux mortelle, et c’est tant mieux. Les mesures de
quarantaine, fermeture des frontières, notamment précoces avec la Chine, le renvoi des écoliers et étudiants à la maison, voilà des choses qui vont protéger le pays contre le développement. A l’heure où je vous parle, il y a très peu de gens portant un masque dans Moscou, les gens font attention aux rassemblements, mais la vie suit son cours, il n’y a pas de confinement pour l’instant, même si les enfants, ados et grands ados sont à la maison avec des cours à distance. Si le virus démarrait son œuvre de mort en Russie, il ne pourrait agir qu’avec un grand temps de retard dans les semaines à venir, ce qui décalerait d’autant l’annulation des mouvements et des voyages touristiques. Après discussion avec quelques autres intervenants du secteur, les agences et guides touristiques en Russie pensent que la saison qui n’avait pas commencé est déjà terminée et que jusqu’à la fin de l’été, la probabilité est forte qu’il n’y aura pas de tourisme en Russie venant des pays francophones.
Il va de soit bien sûr que ces considérations sont futiles par rapport à tous ces pauvres gens atteints partout par le virus et pour ceux qui n’en réchappent pas. Nous tenions toutefois à expliquer à nos clients qui avaient déjà réservé, que hélas, il vaudrait mieux pour eux annuler d’ors et déjà vos voyages et pour les autres d’attendre sagement que tout soit revenu à la normale, nous nous donnerons rendez-vous à l’automne ou pour la Noël, à Moscou ! Nous envoyons de Russie nos prières pour que ce fléau soit vaincu, en espérant que chacun pourra en tirer des leçons, tant au niveau des états, que des particuliers. En attendant chers amis, portez-vous bien, faites attention et surtout faites preuve de bon sens et d’intelligence et prêtez attention à votre entourage plus que jamais.
MonAmi de Moscou 