Les Tours Sœurs de Staline

22- Les 8 tours sœurs de Staline

Accès : de divers endroits puisqu’il existe à ce jour 7 tours dites sœurs de Staline à contempler, plus une 8e construite à l’époque contemporaine.

Tours de Staline 8A l’époque stalinienne Moscou qui était devenue la capitale de l’URSS retrouva l’attention des puissants, et en l’occurrence de Staline. Après la mort de Lénine (1924), il réussissait contre toute attente à s’emparer du pouvoir (1927), puis à éliminer les compagnons de Lénine et vieux révolutionnaires, soit par des purges, le meurtre ou la disgrâce. Installé dans le Kremlin de Moscou qu’il ne quitta presque plus, le dictateur géorgien n’aimait pas sortir des résidences d’état, soit celles d’été dont une douzaine était à sa disposition dans les différentes républiques, soit dans son antre du Kremlin. Il ne voyagera que très rarement pendant son règne de terreur, se déplacement seulement à Téhéran (1943) et Postdam (1945). Staline rêvait comme Hitler d’édifier des monuments grandioses et dans l’Union soviétique sous sa botte implacable et ferme, les autorisations et les titres d’artistes de l’Union soviétique étaient dispensés par le pouvoir lui-même. Une seule tendance, magnifier le grand homme, le Petit Père du Peuple, et le socialisme à travers un style figé et grandiloquent. Il y avait eu Germania pour Hitler, il y eut Moscou la ville de Staline.

Pour se faire, Staline ordonna bientôt de grands travaux, au cour des années 30, il fit d’abord raser de trèsTours de Staline 4 nombreux édifices religieux, plus de 3 500 églises et monastères dans tout le pays, on détruisit aussi tout ce qui pouvait rappeler l’ancien régime et qui dérangeait l’homme de fer. Il alla jusqu’à faire raser dans le Kremlin lui-même, sa résidence préférée, le Monastère de la Trinité, et autour la porte de la Résurrection sur la Place Rouge, ainsi que la cathédrale de Kazan qui furent sont rasées, puis bientôt l’immense cathédrale du Christ Sauveur (1931-1934). Staline qui admirait les États-Unis Tours de Stalineavait en tête les images des gratte-ciels américains gigantesques et majestueux, il rêvait de faire de Moscou une ville aérienne, grandiose, titanesque. Il avait mesuré la puissance américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, avec les images impressionnantes des armadas navales et aériennes occidentales, mais aussi aussi celles des films d’actualités de l’Amérique moderne, sans parler de l’aide américaine à l’armée soviétique, des milliers de tanks, d’avions et de matériels. Cette puissance, l’Union soviétique l’avait développé aussi à l’extrême, mettant en ligne une armée innombrable, puis se dotant de l’arme nucléaire, bientôt suivraient le premier satellite et le premier homme dans l’espace, des victoires retentissantes à la face du monde.

Tours de Staline 1C’est ainsi que sont lancés des projets de reconstruction de Moscou juste après la guerre, sur l’ordre de Staline (1947). Depuis la Révolution, Moscou, la Russie subissaient une crise du logement jamais résolue, notamment par les pertes énormes en hommes. Les prisonniers allemands et des pays alliés de l’Allemagne nazie, ne suffisaient pas à construire des immeubles, la ville cependant s’agrandissait rapidement. Les gratte-ciels de Staline furent bientôt les réalisations les plus emblématiques de cette architecture du réalisme soviétique et socialiste. D’immenses avenues furent tracées, les portes de Moscou de la Perspective Lénine sont un exemple, et bientôt les fameuses tours. Elles étaient prévues au nombre de 9, celle duTours de Staline 2 MGU, l’université Lomonossov, l’hôtel Ukraine, l’immeuble résidentiel pour les membres importants du parti à Koudrinskaya, le Ministère des Affaires étrangères, le grandiose Palais des soviets, l’immeuble administratif de bureaux de Zariadié, l’hôtel Leningradskaya, l’immeuble administratif et résidentiel sur la Place de la Porte Rouge, l’immeuble résidentiel de Kotelnicheskaya sur les berges de la Moskova. Ces tours furent construites entre 1947 et 1957, elles devaient être une première jetée de nombreux autres bâtiments. Lorsque Joseph Staline mourrait le 5 mars 1953, la tour Tours de Staline 6Zariadié qui devait écraser de sa masse le Kremlin au point de lui faire de l’ombre avait déjà des fondations. Ce projet fut immédiatement abandonné et un hôtel prit sa place (détruit en 2006), un parc y a été installé avec un complexe souterrain touristique et hôtelier (2016). Un timbre avait déjà été émis pour fêter sa réalisation. Le Palais des soviets, le plus gigantesque, qui devait dépasser les 450 mètres et être surmonté d’une massive statue de Lénine, ne fut jamais construit. Des problèmes géologiques, des complications et peut-être à la fois le peu d’inclinaison de Staline à construire un monument aussi grandiose à Lénine, eurent raison des volontés de constructions. Une piscine fut construite à la place, la plus grande piscine à ciel ouverte d’URSS… rasée par la suite car les Russes décidèrent de reconstruire la cathédrale du Christ Sauveur.

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1- Université Lomonossov, qui fut longtemps le bâtiment le plus haut de Moscou (240 mètres, 36 étages), complexe en réalité de 27 bâtiments grandioses qui furent construits entre 1949 et 1953.

2- L’hôtel Ukraine, un immeuble de 34 étages, pour 206 mètres de haut, il fut construit au commencement de la Perspective Koutousov, une avenue énorme construite sur le modèle allemand après la guerre. L’hôtel comprenait à l’époque un total de 254 appartements, il fut racheté et renommé Radisson Royal Hôtel Moscou (2010).

3- Immeuble résidentiel sur le quai Kotelnitcheskaya, bâtiment de 26 étages pour 176 mètres (1948-1952), comprenant pas moins de 700 appartements et bureaux, ainsi qu’un bureau de poste, un cinéma.

4- Le Ministère des Affaires étrangères, immeuble de 27 étages pour 172 mètres (1948-1953), affublé d’un énorme blason de l’URSS trônant sur son fronton à 114 mètres de haute et couvrant lui-même 144 m². C’est le seul des 7 tours de Staline qui ne fut pas surmonté d’une étoile rouge à 5 branches, car la flèche, fragile n’aurait pu supporter le poids de l’étoile.

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5- Immeuble résidentiel de la Place Koudrinskaya, bâtiment de 24 étages et 156 mètres (1948-1954), comprenant plus de 450 appartements, desservit par plusieurs entrées, des ascenseurs et richement décoré dans un luxe réservé aux apparatchiks du Parti communiste, il était doté à l’origine de magasins, d’un cinéma (aujourd’hui fermé), de garages souterrains et même d’un complexe d’abris antiaérien et atomique.

6- Immeuble résidentiel de la Place de la Porte Rouge, bâtiment de 24 étages pour 138 mètres (1947-1952), il fut au départ occupé partiellement par le Ministère des Transports de l’Union soviétique (étages 11 à 15). Dans les ailes étaient installés des magasins, pharmacie, bijouteries, épiceries fines, avec également un complexe souterrain, jardin pour enfants dans la cour et restaurant luxueux dans le bâtiment central.

7- Hôtel Leningradskaya, immeuble de 21 étages pour 136 mètres, dominant de sa hauteur la place des trois gares de Leningrad, Yaroslav et Kazan.

8- Palais des Soviets, la Cathédrale du Christ Sauveur fut rasée sur ordre de Staline (1931), l’énorme monument qui devait faire 100 étages avec sa statue géante de Staline eut un début de construction (1939), interrompue par la Seconde Guerre mondiale, jamais reprise, un piscine géante s’installe à sa place.

9- La Tour Zariadié, qui devait compter 32 étages pour 275 mètres de haut, le plus haut des projets qui devait être achevé pour les 800 ans de l’anniversaire de la fondation de Moscou (1947), mais dont seules les fondations étaient construites en 1953, avec le complexe souterrain, un bunker en béton armé de deux étages, le projet était aussi d’y installer le Commissariat du Peuple à la construction d’engins lourds. La mort de Staline (5 mars 1953), fige la construction, l’URSS est lancée bientôt sur le chemin d’une déstalinisation, la tour Zariadié est classée dans les projets architecturaux excessifs. Il faut attendre une décennie pour qu’il soit construit à cette place l’hôtel Russie (1964-1967), énorme bâtisse disgracieuse finalement rasée (2006), et remplacé par le Parc Zariadié (2016).

Tours de Staline 14D’autres projets avaient été envisagés pour remanier Moscou, notamment raser le célèbre Goum pour le remplacer par une autre tour de Staline, construire une tour dédiée à la compagnie aérienne nationale, Aéroflot, mais aussi peuplèrent bientôt les autres villes de l’Union soviétique, des tours furent construites à Kharkov, Kazan, Volgograd, Tcheliabinsk, Ekaterinbourg, Novossibirsk, Barnaul, Kouïbitchev ou Kamensk-Oural, Kiev, Riga, Varsovie et Bucarest. Dans la capitale polonaise, la tour est même ironiquement appelée « le souvenir de Staline ».

Conseil : quelques rares panoramas permettent de voir les tours de manière optimale, ce sont les suivants : place des trois gares, panorama de la gare de Kiev, colline aux Moineaux, panorama de l’Académie des Sciences, panorama du pont sans pilier du Parc Zariadié, panorama du pont en pierre près du Kremlin.

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