Le Parc des Héros de 1812

20-19- Le parc des héros de 1812, Catégorie de la Passion de l’Histoire, campagne de Russie de 1812

Accès : En venant à pied de la station de métro Baumanskaya (ligne bleu foncé), ou de là par l’une des lignes de tramways conduisant à proximité (lignes 37, 45 et 50).

Vdovi Doma 3Bien qu’il ne puisse s’agir d’un des plus grands et hauts lieux de la campagne de 1812, cette balade jusqu’au Parc des Héros de 1812, pourrait vous apporter beaucoup de plaisir et vous conduire dans un Moscou inconnu et ignoré des touristes. En commençant votre visite du Parc Lefortovo, vous remonterez le boulevard et vous serez bientôt en vue des premières maisons dites des « veuves » de soldats (20-21). Il s’agit de plusieurs magnifiques bâtisses, occupées maintenant par une banque et des particuliers mais qui autrefois accueillaient des veuves de soldats de l’armée impériale russe, qui venaient assister les soldats dans l’hôpital militaire (20-18), qui se trouve juste en face dans la rue. C’est aujourd’hui encore l’un des plus grands hôpitaux militaires de Russie, si ce n’est le plus grand, avec une capacité de 1 550 lits, soignant actuellement plus de 22 000 malades par an, 9 000 opérations, 3 500 employés dont 800 médecins militaires.

Hôpital militaire 4

L’hôpital fut fondé par un ordre et oukase (1706) du tsar Pierre Ier, le Grand, qui grand réformateur fut àHôpital militaire 2 l’origine de la création d’une flotte de guerre moderne, de la formation d’une armée combattant selon les stratégies et avec des armes européennes modernes, et réforma en profondeur la Russie. L’hôpital fut dirigé par un Néerlandais, l’un des nombreux spécialistes qu’avaient ramené Pierre de ses voyages en Europe, et fut inauguré l’année suivante (1707). Dans son sein fut aussi fondé une école militaire de médecine. L’hôpital joua un très grand rôle durant la campagne de 1812, d’abord parce qu’il accueillit des milliers de blessés de la bataille de La Moskova (7 septembre 1812), ainsi que des autres combats, soit environ 17 000 blessés selon certaines sources, et jusqu’à 30 000 selon d’autres. La scène devait être terrible car cette bataille et l’acharnement des Russes à défendre leur Patrie, furent la cause de très nombreuses pertes, le nombre de blessés n’est pas exactement connu et même si la bataille se déroula à environ 120 km de Moscou, dans la retraite de l’armée russe (ainsi que l’avance française), de nombreux blessés transportables furent finalement conduits dans cet hôpital.

Hôpital militaire 5Il accueillit bientôt sans distinction des blessés de la Grande Armée et Russes, et devait se trouver totalement saturer de blessés et de malades, les scènes qui furent vécus ici durent profondément marquer les hommes et les femmes qui s’y trouvèrent à cette époque. Il fut épargné par le grand incident de Moscou, à la fois par le fait qu’il se trouvait excentré de la ville historique, mais aussi par sa condition d’hôpital. A la fin de l’époque tsariste, il fut rebaptisé Hôpital militaire général Empereur Pierre Ier (1907). Durant la Première Guerre mondiale environ 400 000 blessés y furent soignés et en 200 ans, plus de 4 millions d’hommes passèrent dans ses lits pour recevoir des soins. Il fut encore rebaptisé par les révolutionnaires Premier Hôpital militaire communiste (1918), puis Hôpital militaire principal de l’Armée Rouge (1944). Staline ayant décidé de débaptiser l’Armée Rouge (pour des raisons politiques), il fut rebaptisé Hôpital militaire Principal des Forces Armées de l’URSS (1946), puis de nouveau en Hôpital-Clinique militaire Bourdenko (1967), fut médaillé à deux reprises (1968 et 1982), il est aujourd’hui l’un des plus grands centres de collect des dons de sang.

Hôpital militaire 7

Bourdenko (1876-1946) fut un chirurgien militaire russe et soviétique, nommé à la tête du serviceNicolaï Bourdenko chirurgical de l’Armée Rouge (1937-1946), Académicien et premier président de l’Académie de Médecine de l’URSS (1939-1944-1946), médaillé de l’Ordre du Travail socialiste (1943), général-Colonel du service médical, ayant participé à la Guerre russo-japonaise (1904-1905), à la Première Guerre mondiale (1914-1918), à la Guerre civile russe (1918-1924), à la Guerre fino-soviétique (1939-1940), puis à la Grande Guerre Patriotique (1941-1945), seulement membre du Parti communiste en 1939, mais ce qui ne l’empêcha pas d’être bien vite lauréat du Prix Joseph Staline (1941), membre du Comité exécutif central, membre du Soviet Suprême de l’URSS. Il fut également… le principal membre de la commission d’enquête soviétique sur le massacre de Katyn (septembre 1943), qui tenta de cacher au monde entier la triste réalité, à savoir l’exécution en ce lieu et dans d’autres, de plus de 21 000 officiers et soldats polonais. Il devait certainement savoir à quoi s’en tenir, mais devait avoir reçu des ordres, qui s’ils n’avaient pas été suivis auraient conduits à sa perte. Son équipe se livra à des falsifications de l’histoire (début 1944), thèse qui fut mise en doute par de timides voix au moment de Nuremberg (1946), mais resta inavoué jusqu’à que le crime soit enfin révélé au monde entier par des documents secrets soviétiques (1992). C’est à l’initiative du gouvernement russe, que le président Poutine a finalement, sur les lieux de la tragédie de Katyn fait une déclaration reconnaissant les faits et le drame (26 novembre 2010).

Parc de Héros de 1812 2En longeant la totalité de l’impression hôpital militaire, dont l’ancienne entrée principale est aujourd’hui condamnée, vous pourrez ensuite vous rendre dans le Parc des Héros de 1812. Plusieurs stèles commémoratives présentent les bâtiments environnants qui tous furent envahis de centaines de blessés après la bataille de la Moskova (7 septembre 1812). Cette seule bataille vit la perte d’au moins 48 000 soldats russes, blessés ou tués, probablement plus, pour au moins 20 000 soldats français tués et blessés. Mais d’autres combats eurent lieu, notamment la bataille sanglante des redoutes de Chevardino (5 septembre), qui vit laParc de Héros de 1812 6 défaite des Russes pour des pertes déjà importantes de 8 000 Russes pour 5 000 Français. Le monument et le Parc furent inaugurés en 2012 pour le bicentenaire de la campagne de Russie, au milieu de nombreuses manifestations culturelles qui s’égrainèrent dans tout le pays cette année-là et les suivantes. Le parc, surtout par la présence de l’hôpital militaire et des maisons des veuves, rappelle dans le silence les nombreux hommes qui donnèrent leur vie pour la défense de la Russie. Pour les Français, ce lieu fort en symbole est toutefois réservé aux courageux qui aimeront la marche, passionnés de la période et qui passeront également plusieurs jours à Moscou, pour avoir le temps après les grands classiques de se rendre dans ce lieu hors des sentiers habituellement battus.

Parc de Héros de 1812 7

Eglise de Pierre et Paul 4Si vous en avez le désir, il existe d’autres monuments dans les alentours, notamment vous aurez intérêt à poursuivre jusqu’au cimetière emblématique de Lefortovo (20-20), un des Père Lachaise moscovite ! Vous pourrez voir aussi l’église de la résurrection des Bienheureux (20-22), l’église de Saint-Pierre et Paul (20-23), qui fut reconstruite en 1696-1698 et due au célèbre architecte Franz Lefort (un édifice en bois dédié à Saint-Nicolas). A cette époque cet endroit avait été choisi pour accueillir un vaste ensemble de casernes et de cantonnement de soldats, notamment de troupes de la garnison de Moscou (d’où le nom de la rue, la présence de l’hôpital militaire, mais il y avaitEglise de Pierre et Paul beaucoup d’autres installations). Une église en pierre fut construite (1711), toujours dédiée aux soldats et l’endroit resta un des plus importants « camps » militaires de l’armée russe jusqu’à la Première Guerre mondiale. Elle fut endommagée par un ouragan (29 juin 1904), qui abattit quelques croix et malmena la toiture. Elle fut cependant épargnée par l’acharnement anticlérical de Staline, qui à la fin des années 20 et surtout au début des années 30, se livra à une déchristianisation forcenée du pays, détruisant des milliers d’églises. Elle garda ainsi (fait rare), ses huit cloches, et l’ensemble de ses décorations intérieures, ainsi que ses icônes. C’est donc un lieu assez incroyable pour la Russie car cette église est quasiment identique à ce qu’elle était avant la Révolution.

Aucun surcoût, lieux publics.

Conseil : une visite qui prendra son sens en période printanière, estivale ou automnale, cependant de vrais courageux pourront également l’appréhender en hiver.

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