Le Palais Petrovski

21- Le Palais Petrovski

Accès : par la station de métro Dynamo, le fameux stade moscovite (ligne verte).

Palais de Petrovski 2Lorsque Catherine II arrive au pouvoir, la capitale de l’empire russe était depuis Pierre Ier Saint-Pétersbourg. L’ancienne capitale russe se trouvait donc délaissée depuis une quarantaine d’année, mais gardait toutefois une certaine importance, c’est assez facilement que de nombreuses années plus tard, Moscou retrouvait pendant la Révolution bolchevique son statut. Mais bien avant cela, la Grande Catherine voulait modeler de son empreinte Moscou et s’offrir une belle résidence impériale. Si elle commanda la construction du fameux palais incomplet et inachevé de Tsaritsino, elle ordonna aussi la construction d’un palais au milieu des années 1770. La construction en fut confiée àPalais de Petrovski 4 l’architecte Matveï Kazakov, alors que le Kremlin, antique et inconfortable n’attirait guère cette souveraine moderne et progressiste. Le monument devait aussi honorer la victoire russe sur l’empire ottoman (1768-1774), à l’origine prévu pour être édifié par Vassili Bagenov, ce fut finalement Kazakov (1738-1812) qui en fut chargé, le monument le plus célèbre de son œuvre. La Russie lui doit aussi le sénat du Kremlin (1776-1787), différents hôpitaux et les manoirs pour de célèbres familles aristocratiques, comme les Demidov, les Barichnikov, le négociant Mikhaïl Goubine, des églises et des bâtiments officiels entre 1774 et 1807. la construction du Palais Petrovski fut achevée en 1779, mais Catherine y résida très peu, ne s’y arrêtant que deux fois, en 1785 et 1787.

Palais de Petrovski 5Après sa mort, le palais fut toujours utilisé comme la dernière étape des tsars devant être couronnés, selon la tradition au Kremlin de Moscou (ce qui fut donc le cas encore de Paul 1er, d’Alexandre 1er, Nicolas 1er, Alexandre II, Alexandre III et Nicolas II). Si le palais fut épargné par les troupes françaises en 1812, au départ de Napoléon et de la Grande Armée, le palais fut toutefois pillé par la populace russe, qui dans bien des cas fut aussi, et l’histoire l’oublie un peu trop, la responsable de nombreuses destructions et pillages dans le sillage de l’armée française, à l’abri de l’anarchie salutaire déclenchée il est vrai par l’invasion française. La tradition veut que des pelotons d’exécution exécutaient des incendiaires, ou plutôt des patriotes dans Moscou en flammes. La vérité estPalais de Petrovski 6 que la plupart des Russes et des soldats de la Grande Armée fusillés, le furent pour leurs pillages et désordres. Par la suite, quasiment inhabité, le palais fut transformé en hôpital de fortune et en quarantaine, lors de la grande épidémie de choléra de 1830, qui par la suite s’en alla ravager l’Europe entière. Le film français Le Hussard sur le toit évoque justement cette épidémie dans le sud de la France, elle remonta jusqu’à Paris, la Belgique et Londres et laissant sur son passage des milliers de morts. Laissé dans un état dégradé, des projets avaient été prévus pour sa rénovation dès le début du règne de Nicolas Ier (1826), mais ne furent réalisés que plus tard (1836-1837).

Palais de Petrovski 8Le Palais Petrovski fut le lieu d’un drame meurtrier, à l’occasion des fêtes du couronnements du tsar Nicolas II (mai 1896), une bousculade cause des centaines de morts. D’une manière assez étrange, le futur roi Louis XVI, lors de son mariage avec la dauphine Marie-Antoinette avait connu un tel drame, par la mort de plus d’une centaine de personnes lors d’une bousculade tragique (30 mai 1770). De la même façon, lors du couronnement, le tsar Nicolas II avait offert à la foule un banquet public, fait distribuer des cadeaux et ordonné des festivités nombreuses. C’est là, qu’une autre bousculade de la foule (tragédie de Khodynka, 30 mai 1896) tourna au drame atroce avec la mort de 1 379 personnes, sans parler de plus de 1 300 blessés. Le parallèle des deux fins de règne égalementPalais de Petrovski 9 tragiques, les paroles prononcées par les jeunes souverains, l’histoire finalement n’aura retenu que les similitudes étranges, décrites par beaucoup comme un mauvais présage pour les deux règnes, la fin d’une époque. Pour marquer l’événement, il avait été construit 20 baraques provisoires pour la distribution de 30 000 fûts de bière, 10 000 de miel, de nombreux autres douceurs et plus de 400 000 tasses ou gobelets en porcelaine, commémorative du sacre de Nicolas. Sous la pression d’une énorme foule, avide d’accéder aux victuailles et aux cadeaux qui avaient été annoncés, la foule se jeta sur le champ de Khodynka et les baraques en bois. La masse de gens passablement énervés, Palais de Petrovskicriant et réclamant exerça une forte pression, les badauds obtinrent un accès précoce (initialement prévu seulement pour 10 heures), à cette partie de l’esplanade. Des dizaines de personnes furent bousculées et piétinées, roulant dans un ravin attenant, d’autres chutèrent dans des puits recouverts pourtant par des planches qui cédèrent sous le poids des milliers de personnes. N’ayant absolument pas conscience du drame, ceux de derrière maintinrent la pression pour accéder aux stands en bois, vociférants et hurlants, dans l’intention d’attraper l’un des cadeaux, la nourriture et les boissons. La plupart des 300 000 personnes s’étant ainsi jetées sauvagement sur le lieu de la fête, n’eurent aucune conscience du drame, et la troupe et les pompiers retirèrent toute la journée, dans des difficultés aberrantes des dizaines de corps et de blessés inanimés. Le drame fit scandale marqua durablement l’opinion publique.

Palais de Petrovski 13Durant la Première Guerre mondiale, avec un afflux de blessés constants, le Palais fut réquisitionné pour accueillir un hôpital de fortune (1914-1917). Réquisitionné par les bolcheviques lors de la Révolution, il fut occupé par des gardes rouges qui s’y livrèrent à des dégradations substantielles dans les intérieurs, par simple esprit de vandalisme. Par la suite transformé en entrepôt, il fut finalement confié à l’armée de l’air (1920), qui y fit installer une académie militaire de l’aviation, bientôt baptisée du nom du père de l’aviation russe, Nicolas Joukov (1923, un dénommé Youri Gagarine devait plus tard sortir de ses rangs). Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Palais abrita l’état-major de la défense antiaérienne de la capitale (1941), avant de repasser entre les mains de la Mairie de Moscou peu après la chute de l’URSS (1997). Il fut rebaptisé Palais Petrovski (1998), entièrement rénové et abrite maintenant un complexe hôtelier privé (avec des installations pour des banquets de mariage), mais est aussi utilisé comme lieu de réception par le Gouvernement de Moscou (Mairie, 2011).

Le petit plus : le Palais Petrovski a été construit dans le style gothique russe, avec quelques aspects éclectiques, annonçant le style russe. Le palais comprend différents autres éléments emblématiques, dont un monument commémoratif de Nicolas Joukov (21-1).

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