Le domaine impérial de Tsaritsyno

12- Le domaine impérial de Tsaritsyno catégorie de la randonnée et des espaces verts moscovites et la Russie éternelle

Accès : par la station de métro du même nom, Tsaritsyno (ligne verte foncée).

Ce magnifique parc et ensemble architectural est l’œuvre inachevée de l’impératrice Catherine II la Grande, qui avait pour projet de construire un immense palais pour son usage à Moscou, ville qu’elle ne fréquentait qu’occasionnellement, la résidence de la tsarine étant alors à Saint-Pétersbourg depuis le règne de Pierre Ier. La Grande Catherine, grande bâtisseuse et l’une des souveraines les plus emblématiques de toute l’histoire de la Russie, se trouvait à l’étroit dans ses venues à Moscou, dans l’inconfortable palais historique du Kremlin. Elle ordonna donc la construction d’un palais, qu’elle voulait grandiose et l’égal de son palais pétersbourgeois. La direction des travaux fut confiée à l’architecte Vassili Bagenov sur un ancien domaine ayant appartenu à diverses grandes familles avant d’être confisqué. Le tsar Pierre Ier y installa même un prince moldave renégat allié des Ottomans (1712). La Grande Catherine racheta le domaine de Tsaritsyne qu’elle avait apprécié (1775), puis lança le projet grandiose.

Il aurait dû être le plus grand projet architectural du règne de la tsarine, il fut commencé, avec la construction de plusieurs bâtiments, d’une porte principal, de divers bâtiments de service mais bientôt les financements se firent plus rares (1777-1778). Des nouvelles sommes d’argent furent injectées dans le projet, très inférieures à ce qui aurait été nécessaire pour son achèvement (1784), et après une visite en compagnie de favoris et d’ambassadeurs étrangers (1785), Catherine II en colère frappa l’architecte de disgrâce. L’impératrice confia alors le projet à un autre architecte Matveï Kazakov, qui fit valider d’autres plans. Une partie des constructions commencées ou achevées furent alors rasées (1786), pour permettre la naissance d’un nouveau palais. Les complications s’enchaînèrent du fait des difficultés de destructions, reconstructions et adaptations du nouveau projet dans l’ancien. Le palais fut réduit d’un étage, d’autres bâtiments détruits (1794), la mort de la Grande Catherine devait en terminer avec ce projet déjà avorté (1796). Son fils, le tsar Paul Ier, qui avait attendu longtemps sa montée sur le trône tout en désavouant beaucoup des aspects de la politique de sa défunte mère, n’aimait pas le projet de Tsaritsyno qui lui rappelait par trop cette dernière. Après son couronnement il ordonna de cesser tous les travaux (1797).

Abandonné, ce qui avait été construit se dégrada rapidement, notamment les installations du parc et jardins. Cependant Alexandre Ier et surtout son frère Nicolas Ier pensèrent à achever le projet pharaonique de leur grand-mère. Mais rien ne fut entrepris sauf la préservation de ce qui avait déjà été construit, avant que le lieu fut ouvert au public, notamment avec Kolomenskoe pour l’installation de gargotes où il fut autorisé de vendre… du thé et d’autres boissons (sous le règne d’Alexandre II, 1856), et retiré des domaines impériaux (1860). La première idée fut de vendre à des démolisseurs le complexe, qui ne trouva heureusement pas d’acheteurs, mais bientôt le parc devînt un lieu de villégiatures apprécié des élites intellectuelles (1870, notamment de Dostoiëvski, Tchekhov, Tchaïkovski etc). Cependant, avec les années les bâtiments tombaient progressivement en ruines, provoquant d’autres destructions pour des raisons de sécurité vis-à-vis des promeneurs et badauds, à une époque où la zone n’était pas intra muros dans Moscou, mais une « campagne à proximité ». la situation resta telle quelle jusqu’à la Révolution.

En 1926, la responsabilité du parc fut confiée au Ministère de l’Éducation de l’Union soviétique, et bientôt un musée fut ouvert (1927). Après une courte période, ce musée fut jugé peu orthodoxe par rapport à l’idéologique soviétique et communiste, il fut remplacé par un complexe dénommé « Jardins de Lénine », puis le musée fut fermé dans le commencement des purges staliniennes (1937), pour être remplacé par un parc de loisir avec cinéma de plein air. Un centre de repos et de vacances populaires devait y être installé mais ce projet fut empêché par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, le pouvoir soviétique procéda à des travaux de restaurations et de préservations de ce qui restait du parc et du château (années 50), avant que ce dernier soit rattrapé par l’urbanisation et intègre la commune de Moscou (années 60). Il fut décidé de préserver et de protéger une zone comprenant un milliers d’hectares, beaux restes de ce qui avait été le domaine impérial inachevé de la Grande Catherine (années 70), à ce moment menacé par le développement chaotique et anarchique de l’immense mégalopole et capitale de l’URSS. Tardivement le domaine de Tsaritsyno reçut le statut de musée d’État (1984), les premières restaurations furent entreprises, le domaine placé dans les priorités et au patrimoine historique de la Russie (1993), puis les restaurations poussées et complètes furent sérieusement entreprises (2005-2007).

Le complexe reste le plus grand jamais construit dans le style gothique russe, possédant également pièces d’eau, parc (aujourd’hui encore de nombreux hectares de forêt et de nature) et diverses constructions. Le domaine de Tsaritsyno comprend actuellement la façade et l’entrée d’Honneur, la salle de concert, les trois bâtiments dits « de la cavalerie », le pont des Figures, l’Arche du Palais et enfin l’église de Tsaritsyno.

Possiblement sans surcoût, si vous visitez seulement le parc déjà impressionnant, mais entrée payante pour ce qui concerne le musée. Ce dernier possède de fait plusieurs visites payantes, un billet complet pour une personne est d’environ 1 000 roubles (autour de 15 euros), pour l’ensemble des visites.

Horaires du musée : du mardi au vendredi de 10 h 30 à 18 h 00, samedi de 10 h 30 à 20 h, dimanche de 10 h 30 à 19 h, fermeture le lundi.

Horaires du parc : ouvert tous les jours de 6 h à minuit.

Horaires de l’Orangerie : mercredi au vendredi de 10 h 30 à 18 h, samedi de 10 h 30 à 20 h, dimanche de 10 h 30 à 19 h, fermeture le lundi et le mardi.

Conseil : les visites en extérieur auront de l’intérêt pendant la période printanière et estivale, l’hiver qui dure cinq mois à Moscou atténuera grandement cette visite des extérieurs, prévoir par ailleurs d’être chaudement habillé.